Article paru sur http://www.secunews.be, le 17 janvier 2011. Pour voir l’article sur le site de secunews, cliquez ICI.
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Par Evelyne Josse
Quel que soit son sexe, son âge et son origine, aucun enfant n’est jamais totalement à l’abri des violences sexuelles. Néanmoins, certains y sont plus exposés que d’autres du fait de leur état de santé physique ou mental, de leur situation familiale, de leur cadre de vie, etc.
Les enfants souffrant d’un handicap (déficiences ou incapacités physiques, mentales, cognitives, sensorielles, communicationnelles, etc.) ou d’un trouble psychiatrique comptent parmi ceux-ci. Ils sont plus exposés que leurs pairs aux maltraitances en tous genres et ce, dans tous les contextes (le foyer familial, les établissements scolaires, les institutions judiciaires, etc.).
Les risques de maltraitances à l’égard des handicapés mentaux
Les plus vulnérables sont les handicapés mentaux et les enfants présentant une pathologie psychiatrique. En effet, leur incapacité à se défendre (par exemple, lorsqu’ils présentent de l’inhibition, de la passivité, une absence de réaction agressive, une confiance démesurée envers autrui, etc.), leur difficulté, voire leur totale incompréhension des situations (du fait de la carence de leurs capacités cognitives, de la pauvreté de leur imagination, de délires, etc.) ou à communiquer (à cause d’une mutité, d’une indigence de langage ou de troubles de la personnalité) concourent à accroître le risque de victimisation. Soulignons cependant que certains autistes sont partiellement protégés par leur attitude défensive (cris, agitation motrice, etc.) et la méfiance qu’ils manifestent en cas d’intrusion dans leur espace intime ou à l’approche d’une personne qui leur est inconnue.
Même lorsqu’ils signalent la violence dont ils sont victimes, la pauvreté de leurs moyens de communication ne leur permet pas toujours de se faire comprendre. Leur vulnérabilité est également majorée parce qu’ils vivent parfois, en dépit des apparences, dans un véritable désert affectif, tant en famille qu’en institution et quel que soit leur âge. L’isolement et la pauvreté des contacts sociaux rendent malaisés la dénonciation des abus et l’appel à l’aide.
Le risque d’abus sexuels est d’autant plus élevé que le handicap requiert généralement une grande proximité physique avec un ou plusieurs adultes. En effet, les soins imposent un contact corporel entre l’enfant et le dispensateur de soins (parent ou personnel de l’institution spécialisée). Petit à petit, ces contacts intimes peuvent dévier vers des rapprochements malsains.
De plus, la dépendance motrice des adolescents atteints d’infirmité ou de paralysie sévères pose la question de l’aide d’un tiers pour satisfaire les pulsions sexuelles «solitaires». Si ces services particuliers ne peuvent être assimilés à des abus d’ordre sexuel, ils peuvent toutefois avoir pour effet d’intensifier la suggestibilité sexuelle des sujets et préparer la voie d’une interaction abusive. Le fait que les enfants n’ont peu ou pas d’information relative à la vie sexuelle jouerait un rôle aggravant.
Dans le prochain article, nous verrons pourquoi le handicap et les troubles graves de la personnalité facilitent la maltraitance des enfants au sein de leur foyer ou des institutions spécialisées qui les accueillent.
Articles de la série :
– Enfants handicapés et abus sexuels
– Enfants handicapés et maltraitances dans les familles et institutions
Evelyne Josse
Psychologue, psychothérapeute
Josse E. (2011), Le traumatisme chez le nourrisson, l’enfant et l’adolescent, de Boeck Université, coll. Le point sur