Article paru sur http://www.secunews.be, le 7 novembre 2011. Pour voir l’article sur le site de secunews, cliquez ICI
Evelyne Josse, 2011
Dans les articles précédents, nous avons passé en revue les symptômes physiques pouvant faire suspecter une agression sexuelle. Nous allons à présent nous intéresser aux réactions émotionnelles et comportementales possiblement manifestées par les jeunes victimes.
Des signes de souffrance
Dans le décours d’une agression sexuelle, près de 60% des enfants manifestent des signes de souffrance.
L’expression de leur tourment couvre un large éventail de réactions qui s’étendent de troubles discrets à des symptômes intenses. Elle prend des formes diverses selon l’âge de la jeune victime, sa personnalité et ses antécédents, la durée et la fréquence des agressions ainsi que l’identité de l’agresseur et la proximité relationnelle qu’il entretient avec la victime.
Quel que soit son âge, un changement massif du comportement de l’enfant doit inciter d’emblée à envisager l’éventualité d’un traumatisme. L’apparition subite de peurs incontrôlables, de pleurs, d’une tristesse, d’une énurésie, d’une encoprésie, des désordres de l’appétit, de troubles du sommeil ainsi que le désinvestissement d’activités ludiques et de la scolarité sont des signes d’alerte.
Soulignons que ces réactions ne sont pas spécifiques des agressions sexuelles et peuvent être manifestées suite à d’autres événements potentiellement perturbants tels que la maltraitance physique ou morale, la négligence grave, un deuil, une séparation familiale, etc. De plus, certains enfants présentent des réactions que l’on peut juger préoccupantes alors qu’ils n’ont pas subi de maltraitance ou d’abus.
Un traumatisme silencieux
Plus de 30% des jeunes victimes ne manifestent pas de réactions préoccupantes au moment des faits. Même si leur douleur n’est pas apparente, certains souffrent néanmoins de troubles affectifs profonds et verront leur état psychique se dégrader après un temps de latence de plusieurs mois, voire de plusieurs années. En effet, le traumatisme sexuel peut avoir des effets dormants et surgir soudainement, notamment à la faveur d’événements personnels ou familiaux : premiers émois amoureux, premières relations sexuelles, mariage, naissance, reportage télévisé, rêve, querelle et séparation familiale, etc.
Une absence de traumatisme ?
Les très jeunes enfants ne sont pas en mesure de percevoir la gravité d’un événement, d’apprécier ses enjeux ou d’en prévoir les conséquences. De ce fait, certains ne manifestent aucune réaction et ne semblent pas éprouver d’émotion particulière. A la recherche d’amour, d’affection ou d’attention, animé par la curiosité, ils peuvent accepter l’activité sexuelle avec l’adulte abuseur afin d’obtenir des gratifications affectives. Parfois même, ils recherchent activement ce contact, voire en tirent un certain plaisir (1). Il n’en reste pas moins qu’en grandissant, certains développeront des séquelles traumatiques et souffriront à long terme, de façon plus ou moins intense, de symptômes invalidant leur quotidien et leur développement personnel.
Dans le prochain article, nous nous intéresserons aux réactions émotionnelles et comportementales plus spécifiquement évocatrices d’une agression à caractère sexuel.
(1) Rappelons que la responsabilité de l’activité sexuelle avec l’enfant doit toujours être attribuée à l’adulte, peu importe qui a initié la rencontre et qui en retire satisfaction. En effet, c’est à lui, et non à l’enfant, de discriminer ce qui constitue une transgression aux normes sociales ou morales et de poser les interdits.
Articles de la série :
– Les violences sexuelles faites aux enfants sont souvent ignorées
– Les symptômes physiques fortement suspects d’une agression sexuelle chez l’enfant
– Les signes physiques discrets de violences sexuelles faites aux enfants
– Déceler les violences sexuelles faites aux enfants au travers de leur comportement
– Déceler les comportements évocateurs de violences sexuelles chez l’enfant
Evelyne Josse
Psychologue, psychothérapeute
Source: http://www.afpssu.com/