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Editorial du forum « Le deuil et les dimensions invisibles de la Conscience »

Les informations médiumniques, la prémonition, la voyance, la vision à distance, les Near-Death-like Experience (NDE-like) , les expériences de sortie de corps (en anglais out of body experience, OBE), la lucidité terminale , les expériences de mort imminente (EMI), les expériences de Mort Partagée (EMP) , les états de conscience accrue à l’approche de la mort (en anglais Near Deah Awareness, NDA) et les vécus subjectifs de contact avec un défunt (VSCD), sont autant de manifestations qui questionnent la notion de conscience.

Le paradigme scientifique dominant ne peut concevoir qu’ils puissent s’expliquer autrement que par des phénomènes physiologiques localisés au niveau du cerveau.

Illustrons cela. Dans l’image ci-dessous, la plupart d’entre nous voient un A et un B. La lettre A située en première position pervertit notre lecture du chiffre 13.

A contrario, nous avons tendance à voir le chiffre 13 s’il est précédé d’un autre chiffre.

L’hypothèse matérialiste d’une conscience locale, préalable dans nos sociétés à toute analyse, contraint la lecture et l’interprétation des phénomènes singuliers dont certains surgissent alors que les fonctions cérébrales supérieures ont cessé. Sauf à nier l’évidence, les tentatives de réduire ces manifestations exceptionnelles à des phénomènes connus tels que des effets d’états cérébraux particuliers sont peu convaincantes et rapidement contre-argumentées.

Prenons une métaphore visuelle.
Comment relier les 9 points ci-dessous en traçant 4 droites sans lever le crayon ?

Pour résoudre ce problème, il faut sortir du carré constitué par les points.

Que nous apprend l’énigme des 9 points ?
Que certains problèmes ne sont insolubles que si l’on reste prisonnier d’un cadre de pensées préconçues.
Ces singuliers phénomènes se produisant avant, pendant et après la mort nous contraignent à sortir du cadre de référence matérialiste, c’est-à-dire de la vision que les postulats scientifiques actuels nous donnent de nous-même, des autres et de notre environnement, du monde, de sa matérialité et de la manière dont il fonctionne ainsi que de la conscience. En élargissant notre vision sur ces phénomènes longtemps voués aux gémonies par la science, il est possible de trouver une issue à nos impasses. Des penseurs et des chercheurs de plus en plus nombreux proposent une grille de lecture alternative : la conscience serait extraneuronale, délocalisée et indépendante de l’activité cérébrale. Cette conception d’une conscience plus large, non assujettie au cerveau, non-locale, rend les tentatives d’explication de ces phénomènes possibles. Cette conscience, que certains appellent âme ou esprit, existerait donc indépendamment d’un corps physique. Pour mieux comprendre, prenons une image. Lorsqu’un chat voit une souris à la télévision, il essaye vainement de l’attraper en se jetant sur l’écran. Nous sourions de la naïveté du félin, car nous, nous savons que le rongeur n’est pas à l’intérieur du poste. La télévision n’est qu’un récepteur qui matérialise des signaux émis par un émetteur situé ailleurs. De même, le cerveau ne serait que le récepteur de la conscience et n’en serait pas l’émetteur.

Mais alors, quelle est cette conscience qui nous habite ? Et si elle n’est pas uniquement liée à notre être physique, où va-t-elle lorsque nous mourrons ? Et d’où vient-elle avant notre naissance ? Pourquoi choisit-elle de se matérialiser ? Dans quel but ? La vie aurait-elle un sens, une intention, une finalité ? Est-ce que cette conscience se réincarne à différentes reprises ? Et si oui, qu’est-ce qui survit vie après vie ? Et que « fait » cette conscience entre deux vies ?

Depuis la nuit des temps, les traditions spirituelles ancestrales prétendent que nous sommes tous reliés à une source unique de conscience. Cette source serait à l’origine du monde que nous percevons. Plus récemment, la physique quantique est venue bouleverser nos certitudes et a remis en question notre conception occidentale de ce que nous croyons être la réalité objective. En effet, selon la physique quantique, notre conscience joue un rôle majeur dans la création et l’expérience du monde physique tel que nous le percevons. Ce monde physique ne serait qu’une manifestation d’un niveau de réalité sous-jacent. La science et la spiritualité semblent se rejoindre dans une vision liant toute forme de vie à l’ensemble de l’univers…

La question de la conscience est intimement liée au mystère de la mort. Les EMI et les VSCD, par exemple, font expérimenter la survivance de la conscience au-delà du trépas. Mais de nombreux états modifiés permettent également de transcender notre conscience ordinaire. La méditation, le chamanisme, la respiration holotropique, l’hypnose et les psychédéliques sont quelques-uns des moyens possibles pour aller tutoyer les anges. L’ego – la conscience et la représentation que nous avons de nous-même – nous donne l’impression d’exister en tant qu’unité indépendante de notre environnement. Sa dissolution efface la frontière du territoire étroit de notre singularité, la conscience s’affranchit de notre sentiment d’individualité et notre sensation d’exister s’étend à ce qui nous entoure pour ne plus faire qu’un avec le monde. Mais alors, si la mort est un retour au grand tout, un retour à la conscience universelle, les états de conscience élargis seraient-ils des « petites morts » ? Et si la mort n’était finalement rien d’autre qu’une transe profonde ?

On le sait aujourd’hui, la spiritualité et les états modifiés de la conscience influencent positivement la santé physique et mentale. Transcender notre réalité ordinaire pourrait-il avoir des effets thérapeutiques ? Revisiter des vies passées et comprendre le sens de notre incarnation actuelle seraient-ils salvateurs ? Un contact entre défunts et vivants serait-il possible ? Ces rencontres auraient-elles per se un potentiel de guérison et d’apaisement ? Aujourd’hui, des thérapeutes formés en hypnose, en EMDR, en voyage chamanique ou encore en thérapie psychédélique témoignent de la remarquable efficacité des contacts induits après la mort pour aider les endeuillés à revenir à la vie. Des chercheurs de renom, des penseurs reconnus et des thérapeutes enthousiastes.

Des scientifiques se rassemblent à l’Université de Liège les 23 et 24 mars 2024 pour partager leurs réflexions et tenter de répondre aux nombreuses questions soulevées par ce thème passionnant de la conscience.

Evelyne JOSSE

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