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Les thérapies du traumatisme psychique à la lumière des neurosciences. Partie 1 : Le traumatisme psychique au regard de la consolidation et de la reconsolidation de la mémoire

Évelyne Josse, Sarah Lapcevic

Hegel 2022/2 (N° 2)

Introduction

Selon la récente théorie de la reconsolidation mnésique, les souvenirs sont labiles et susceptibles d’être modifiés lorsqu’ils sont réactivés. Par ce processus de reconsolidation, les souvenirs anciens sont actualisés par l’intégration d’informations contemporaines.

Les chercheurs en neurosciences ont montré qu’il est possible d’atténuer les émotions d’un souvenir au moment de sa reconsolidation. Cette découverte ouvre des perspectives thérapeutiques intéressantes pour les troubles psychologiques générés par un souvenir porteur d’une émotion négative intense, tels que les traumatismes psychiques.

Dans ce premier article, nous expliquerons les processus de consolidation et de reconsolidation de la mémoire ainsi que l’importance de l’activité neurovégétative dans la stabilisation et le renforcement des souvenirs traumatiques. Dans le second, nous discuterons de l’efficacité de la thérapie de la reconsolidation, de l’exposition prolongée, de l’EMDR (Eye Movement Desensitization and Reprocessing) [1] et de l’hypnose à la lumière des connaissances récentes sur la reconsolidation de la mémoire.

Consolidation et reconsolidation de la mémoire

Notre mémoire est un processus dynamique. Elle ne se contente pas de stocker les souvenirs et de les restituer tels quels. Elle les construit et les transforme.

La consolidation mnésique

Un souvenir récemment acquis est initialement labile, sensible aux interférences et à l’oubli. Pour devenir persistant, il doit être consolidé. En neurosciences cognitives, la consolidation de la mémoire désigne le processus par lequel la trace mnésique nouvellement acquise est transférée d’un système de mémoire à court terme vers la mémoire à long terme où elle se stabilise  [1]Une autre théorie soutient que les informations ne transfèrent pas toutes par la mémoire à court terme avant d’être enregistrées en mémoire à long terme. Il existerait deux types de … Continue reading [3]. Il y a déjà plus d’un siècle, Müller et Pilzecker, à qui l’on doit la première théorie de la consolidation, ont démontré que la présentation de « stimuli distractifs » altère les capacités de rappel d’informations récemment acquises [4]. S’appuyant sur ces travaux, de récentes études apportent davantage d’éléments de précision relatifs à la nature de ces stimuli [5, 6]. Lyadurai et ses collaborateurs ont notamment démontré que l’administration d’une tâche cognitive à forte composante visuospatiale (Tetris) induisait une perturbation de la consolidation des éléments sensoriels associés à la mémoire traumatique [6]. Dans cette étude, les auteurs ont comparé deux situations expérimentales auprès de patients admis dans un service hospitalier d’urgence dans les 6 heures suivant un accident de voiture (n=71). Les patients étaient invités à se rappeler des moments de l’accident les plus marquants et étaient parallèlement exposés selon les conditions, à un jeu informatique Tetris (n=37) ou à l’écriture d’un journal d’activité (n=34) durant vingt minutes. Les résultats obtenus à cette étude démontrèrent qu’une intervention précoce basée sur Tetris permettait de réduire davantage les souvenirs intrusifs ou flashbacks de l’événement traumatique qu’une intervention placebo. Outre les interventions impliquant des tâches cognitives à forte exigence visuospatiale, les électrochocs et certaines substances pharmacologiques interfèrent également avec la consolidation. C’est le cas du propranolol, un bêtabloquant noradrénergique, objet depuis une vingtaine d’années de toutes les attentions des chercheurs impliqués dans le traitement du traumatisme psychique [7]  [2]L’efficacité du propranolol à diminuer, voire à neutraliser, de façon durable, un souvenir traumatique nouvellement acquis ou déjà consolidé a été prouvée par la recherche. Basée sur … Continue reading A contrario, l’exposition à un stresseur dans les minutes suivant un apprentissage augmente la consolidation de la mémoire. La consolidation comprend deux processus, la stabilisation synaptique et la stabilisation systémique.

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Pour citer l’article :

Josse, É. & Lapcevic, S. (2022). Les thérapies du traumatisme psychique à la lumière des neurosciences Le traumatisme psychique au regard de la consolidation et de la reconsolidation de la mémoire. Hegel, 2, 91-98. https://doi.org/10.3917/heg.122.0091

References

References
1 Une autre théorie soutient que les informations ne transfèrent pas toutes par la mémoire à court terme avant d’être enregistrées en mémoire à long terme. Il existerait deux types de consolidation, l’une sérielle (passage de l’information de la mémoire à court terme puis dans la mémoire à long terme) et l’autre parallèle (inscription directe de l’information en mémoire à long terme) [2].
2 L’efficacité du propranolol à diminuer, voire à neutraliser, de façon durable, un souvenir traumatique nouvellement acquis ou déjà consolidé a été prouvée par la recherche. Basée sur cette découverte, le professeur canadien Alain Brunet, agrégé en psychiatrie de l’Université McGill de Montréal, a mis au point la thérapie de la reconsolidation.

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