L’être humain naît avec le besoin inné de l’autre, un besoin aussi vital que celui de se nourrir. Le bébé humain ne naît pas autonome. Bien entendu, il n’est pas capable d’assurer sa survie, mais il n’est pas non plus capable de se réguler émotionnellement. Les structures de son cerveau qui lui permettront de s’apaiser lui-même et de freiner l’emballement des émotions, notamment le néocortex préfrontal, ne seront matures qu’à 25 ans chez la fille et à 29 ans chez le garçon. Ce besoin fondamental, c’est qu’on appelle l’attachement. Quand un enfant explore le monde, cela l’active émotionnellement et il a besoin de se rassurer dans les bras d’un adulte bienveillant. Progressivement, l’enfant apprend à se réguler lui-même. Néanmoins, toute notre vie, nous gardons ce besoin d’être en contact avec les autres pour retrouver un sentiment de sécurité.
La solitude (sentiment qui d’être seul pouvant être éprouvé même si la personne est entourée) et l’isolement social (manque d’interactions sociales) ont un impact sur notre cerveau. Non seulement les personnes isolées produisent davantage d’hormones de stress, mais les fonctions et le volume des zones impliquées dans la régulation émotionnelle (néocortex préfrontal et hippocampe) diminuent. A contrario, leur réseau du mode par défaut est davantage actif. Ce réseau s’active quand on ne fait rien de particulier, quand on laisse libre cours à nos pensées. Il est à la base de nos capacités d’introspection (réfléchir sur nos émotions, nos comportements, nos motivations, etc.) et nous permet d’anticiper et d’évaluer les événements futurs de manière à y réagir le mieux possible et de s’adapter à notre environnement. Il joue donc un rôle adaptatif important, mais une forte activité du réseau par défaut est corrélée à des sentiments négatifs, comme de la rumination et les inquiétudes pour l’avenir. Les personnes isolées sont aussi plus à risque de présenter des troubles psychologiques face aux menaces, notamment des troubles anxieux et dépressifs. On a pu s’en rendre compte après la vague d’attentats terroristes et avec le covid. Les recherches montrent d’ailleurs que l’isolement social pourrait avoir un impact sur le déclin cognitif et le risque de développer certaines démences, comme la maladie d’Alzheimer.
On comprend donc que Eco villages ou le Coliving puissent apporter un sentiment de sécurité et grâce à la présence des autres, de fournir davantage de soutien émotionnel. Dans ce type de logement, les personnes ne sont plus seules. C’est particulièrement précieux pour les personnes seules, les familles monoparentales ou bien encore les professionnels déracinés de leur région d’origine (favorise l’insertion).
Pour réunir les conditions de son bien-être, l’être humain a besoin de faire partie de groupes sociaux avec lesquels il partage des caractéristiques communes : liens familiaux, goûts, activités, idées, opinions, valeurs, convictions, statut social, etc. En appartenant à un groupe, il se sent reconnu et accepté grâce au regard que l’autre porte sur lui, regard qui l’identifie comme un pair, comme une semblable. Or, dans ce type de vie communautaire, les habitants se réunissent autour de valeurs et de projets communs.
Avec la crise covid, certaines personnes se sont senties isolées, et nous avons également assisté à une grande remise en question de notre société consumériste. Beaucoup de personnes ont été confrontées au manque de sens, notamment dans leur travail. C’est ce que l’on appelle le brown-out. L’intérêt pour l’écologie et l’environnement s’est accru. L’être humain a besoin de se sentir efficace et compétent, de gérer son environnement, de relever des défis, d’exprimer et de développer ses capacités. Ce type de vie communautaire, basée sur un projet, permet à certains d’entre nous de trouver du sens à leur existence et leur redonne un sentiment de compétence. Cela leur permet d’avoir un mode de vie plus responsable par rapport à l’environnement, de retrouver de l’humanité grâce à la mixité générationnelle et sociale, de recréer des réseaux de solidarité, de transmettre à leurs enfants des valeurs importantes comme l’écoresponsabilité et les travaux manuels.
Bien entendu, la vie en collectivité permet de mutualiser les dépenses, ce qui allège la charge financière qui pèse sur chaque personne. De même, la répartition des tâches de manière collective permet de diminuer la charge de travail individuelle ; il y a toujours quelqu’un pour garder les enfants, pour jeter un œil sur une personne âgée.
Evelyne Josse, 2025
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