You are currently viewing Syndrome de Stockholm : la fin d’un mythe ?

Syndrome de Stockholm : la fin d’un mythe ?

Une histoire particulière, une émission de France-Culture, un documentaire de Michel Pomarède, réalisé par Félix Levacher

Épisode 1/2 : Otages et ravisseurs contre la police

POUR ECOUTER LE PREMIER EPISODE : https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/une-histoire-particuliere/otages-et-ravisseurs-contre-la-police-5253587

Le 23 août 1973, un évadé de prison, Jan Erik Olsson, tente de commettre un braquage dans l’agence de Kreditbanken du quartier de Norrmalmstorg à Stockholm, à une heure où la succursale vient d’ouvrir et n’a pas encore de clients.

La police accède à l’une des requêtes d’Olsson : tard dans la journée, les autorités font entrer Clark Olofsson, braqueur réputé, dans la banque. Sa “libération” ne se fait pas sans condition : Olofsson doit les aider à apaiser la situation en échange d’une remise de peine. Sur place, le nouveau venu détache les otages et les autorise à téléphoner à leurs proches pour les rassurer. Malgré ce progrès, Olofsson devient rapidement un membre actif du braquage en cours : policiers et braqueurs ne parviennent pas à trouver un accord.

Pendant six jours de négociation, les employés font confiance à leurs ravisseurs et se méfient des forces de l’ordre. La police perce des trous dans le plafond de la chambre forte et fait usage de gaz anesthésiants, ce qui permet leur libération le 28 août. Avant de sortir de la chambre forte, criminels et otages se prennent dans les bras et se disent au revoir chaleureusement. Au moment de leur libération, Kristin Enmark, l’une des otages, sténographe dans la banque, exige que les deux criminels passent devant, de peur que ces derniers soient abattus. Les Suédois, fascinés, ont vécu en direct à la télévision l’évolution de cette situation, inédite dans l’histoire du pays : une otage s’entretenant au téléphone avec le premier ministre, les braqueurs donnant des interviews à la télévision…

Pour en parler

  • Evelyne Josse, psychologue clinicienne.
  • Olivier Pighetti, réalisateur et auteur du film Quand Stockholm est devenu un syndrome.
  • Gilles Ferragu, historien et auteur d’Otages, une histoire, aux éditions Gallimard.
  • David Corona, ancien négociateur du GIGN, auteur de Négocier, aux éditions Grasset.
  • Georges Malbrunot, journaliste et otage, en Irak, en 2004.

Épisode 2/2 : Un diagnostic… médiatique

POUR ECOUTER LE DEUXIEME EPISODE : https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/une-histoire-particuliere/un-diagnostic-mediatique-5173966

Sitôt les faits terminés, le psychiatre de la police chargé de l’affaire, Nils Bejerot, avance une explication pour définir l’attitude positive des otages envers leurs géoliers : il parle du « syndrome de Norrmalmstorg », plus tard repris sous l’appellation de « syndrome de Stockholm ».

Kristin Enmark témoigne 50 ans plus tard en parlant notamment de Clark Oloffson « J’avais 23 ans, j’étais terrifiée et cet homme est arrivé en me disant : « Je vais te protéger, je m’occupe de toi. Il m’a sauvé la vie ».  Après la prise d’otages, Jan Olsson fut condamné à 10 ans de prison et Clark Olofsson retourna en cellule – sans remise de peine . A sa sortie, il entretient une relation amoureuse avec Kristin Enmark. En 2022, le braqueur devient le héros d’une série suédoise loufoque diffusée sur Netflix intitulée Clark. Que reste-t-il du syndrome de Stockholm aujourd’hui ? Il n’est repris ni dans le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-5) ni dans la Classification internationale des maladies et des problèmes de santé connexes (CIM-11). Mieux, une étude suédoise a conclu récemment : « l’étiquetage d’une victime otage avec un syndrome psychiatrique rend son histoire plus lisible et plus susceptible de stimuler sa circulation dans les médias. »

Pour en parler

  • Evelyne Josse, psychologue clinicienne.
  • Olivier Pighetti, réalisateur et auteur du film Quand Stockholm est devenu un syndrome.
  • Gilles Ferragu, historien et auteur d’Otages, une histoire, aux éditions Gallimard.
  • David Corona, ancien négociateur du GIGN, auteur de Négocier, aux éditions Grasset.
  • Georges Malbrunot, journaliste et otage, en Irak, en 2004.

Dans la même rubrique

L’enfance des dictateurs - 11 février 2023