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Le syndrome d’hyperventilation lié au stress et à l’anxiété. Causes, symptômes, dépistage et solutions

Introduction

Le patient éprouve-t-il fréquemment l’impression de manquer d’air, d’avoir besoin d’air frais ou de ressentir un poids sur la poitrine ? Son cœur bat-il parfois trop vite ou trop fort, même au repos ? Souffre-t-il de sécheresse buccale ? Ressent-t-il des sensations bizarres dans les doigts telles que fourmillements, ou des tensions dans les muscles ?

Il souffre peut-être d’hyperventilation…

L’hyperventilation1 touche 6 à 10% de la population. Elle affecte les deux sexes mais plus souvent les femmes que les hommes. Elle peut survenir chez les enfants mais elle est plus fréquente chez les sujets âgés de 15 à 55 ans.

Le syndrome d’hyperventilation est également connu sous le nom de crises de tétanie ou de spasmophilie. La crise de tétanie est un syndrome d’hyperexcitabilité neuromusculaire se traduisant par des contractions musculaires localisées le plus souvent aux extrémités des membres (mains, pieds) et plus rarement au niveau du visage, parfois accompagnées de crampes, de paresthésies (fourmillements) et de tremblements. La spasmophilie désigne les crises qui allient tétanie musculaire et difficultés respiratoires (dont une hyperventilation).

Qu’est-ce que l’hyperventilation ?

Définition

Selon Lewis et Howell, « Le syndrome d’hyperventilation est un syndrome caractérisé par une variété de symptômes somatiques induits par une hyperventilation physiologiquement inappropriée et reproductible, en tout ou en partie, par une hyperventilation volontaire » (Lewis, Howell, 1986).

L’hyperventilation est caractérisée par une augmentation de la fréquence respiratoire et/ou par une augmentation de l’amplitude des mouvements respiratoires.

Sous l’influence du stress ou de l’anxiété2, la respiration se modifie (rythme plus rapide et/ou mouvements respiratoires plus amples). Elle excède la demande métabolique en oxygène et produit un rejet excessif de gaz carbonique. La diminution subséquente de dioxyde de carbone provoque une alcalose 3 (pH > 7,45) qui elle-même entraîne une série de modifications physiologiques dont une hypophosphatémie4 et une hypocalcémie5 responsables des crises de tétanie.

L’hypocapnie6 (PaCO2 < 4,7mmol) peut apparaître transitoirement lors des crises d’hyperventilation ou devenir chronique. De simples efforts respiratoires, soupirs ou bâillements, suffisent à la maintenir.

Les symptômes

L’hyperventilation se manifeste par des symptômes multiples et variés :

– une impression de manquer d’air (rarement en relation avec l’effort)
– une oppression thoracique
– une sécheresse buccale
– des coups de chaleur ou de froid
– une moiteur des mains
– des palpitations cardiaques (accompagnée, parfois, d’une arythmie importante)
– des picotements, des fourmillements ou des sensations d’endormissement au niveau des extrémités (pieds, mains)
– une ankylose des bras (engourdissement, raideur)
– des crampes musculaires
– des douleurs thoraciques (mimant parfois l’angor7) ou abdominales
– des céphalées
– une sensation de faiblesse et de fatigue
– des difficultés de concentration
– des étourdissements, des vertiges
– une sensation de perdre conscience (allant parfois jusqu’à la syncope)
– de l’irritabilité
– un état dépressif
– de l’anxiété, des crises de panique, des phobies
– des insomnies, des réveils nocturnes (parfois avec sensation d’étouffement et/ou transpiration abondante)

Ces symptômes, eux-mêmes anxiogènes, peuvent entraîner des crises d’angoisse et de panique. Dans certains cas, leur nombre et/ou leur intensité sont tels que les individus ont l’impression de devenir fous ou craignent de mourir d’une crise cardiaque.

La diversité des symptômes conduit les sujets hyperventilants à consulter différents spécialistes tels que pneumologues, cardiologues et gastro-entérologues, souvent à de nombreuses reprises, avant que la diagnostic d’hyperventilation soit posé.

Formes aiguë, subaiguë et chronique

Les symptômes peuvent survenir sous forme de crises mais ils deviennent fréquemment chroniques.

La forme aiguë

La forme aiguë est peu fréquente.

Les crises sont spectaculaires. Les patients présentent une dyspnée8 importante parfois accompagnée d’une sensation de suffocation, de l’agitation, des sentiments de terreur et de panique, des douleurs thoraciques, des paresthésies9 périphériques (doigts) et péribuccales, une rigidité des doigts ou des bras, une syncope, etc.

Le tableau peut évoquer une urgence vitale (infarctus du myocarde, intoxication, épilepsie, diabète) amenant l’entourage à faire appel aux services de secours. Bien que gênantes, ces crises d’hyperventilation sont considérées comme bénignes.

La forme subaiguë

La forme subaiguë est nettement plus fréquente que la forme aiguë.

Malgré la disparition de la cause initiale de stress, en l’absence de diagnostic et de traitement adapté, l’hyperventilation peut perdurer bien que moins bruyamment. Généralement, la sensation d’étouffer se mue en une impression de manquer d’air et la panique en angoisse. Le mal-être, la dyspnée, les fourmillements, les crampes, la tachycardie, etc. deviennent source d’inquiétude. Les patients s’inquiètent de leurs symptômes et de leur état de santé au point que nombre d’entre eux sont persuadés d’être atteints d’une maladie grave. Ils entrent dans un cercle vicieux dans lequel leurs symptômes entretiennent leur état d’anxiété en devenant eux-mêmes un facteur de préoccupation et de stress.

La forme chronique

La forme chronique est la plus fréquente. Ce stade ultime du syndrome d’hyperventilation résulte de la pérennisation du cercle vicieux hyperventilation-stress/anxiété/angoisse. Lorsque le trouble est installé depuis plusieurs années, il n’est pas rare que les patients aient oublié l’événement stressant originel.

Le syndrome d’hyperventilation chronique est difficile à diagnostiquer en raison de la grande diversité des tableaux cliniques possibles. Généralement, les patients ne présentent pas de symptômes spectaculaires. Leurs plaintes sont mineures, imprécises et non spécifiques telle qu’une fatigue, voire un épuisement, sans relation avec l’effort fourni (à rapprocher du syndrome de fatigue chronique). La dyspnée n’est pas constante. Elle se traduit par une impression de manquer d’air ou par une sensation de blocage respiratoire. Elle s’accompagne de bâillements, de soupirs et/ou d’un léger essoufflement à l’expression orale, perceptibles pour un témoin averti mais rarement remarqués par le sujet lui-même. Les douleurs dans la poitrine, une toux irritative persistante, les palpitations et l’arythmie cardiaques, les céphalées et les paresthésies comptent parmi les symptômes les plus souvent rapportés. Généralement, les patients se plaignent de désordres anxieux (anxiété, trouble panique, phobies), de dépression et/ou de troubles du sommeil (insomnie, cauchemars).

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Articles de la série

– Josse E. (2020). La relaxation. http://www.resilience-psy.com/spip.php?article155
– Josse E. (2020). Quelques techniques d’autohypnose centrée sur les phénomènes extérieurs (pour les adultes). http://www.resilience-psy.com/spip.php?article428
– Josse E. (2020). Le syndrome d’hyperventilation lié au stress et à l’anxiété. Cause, symptômes, dépistage et solutions. http://www.resilience-psy.com/spip.php?article3

Documents joints

Voir aussi les vidéos sur YouTube :

Le syndrome d’hyperventilation lié au stress et à l’anxiété. Épisode 1 : causes et symptômes

Hyperventilation liée au stress et à l’anxiété. Episode 2 : dépistage et solution

Notes et références

  1. Certains auteurs préfèrent parler de respiration dysfonctionnelle plutôt que d’hyperventilation
  2. L’hyperventilation peut être la réponse physiologique à une hypoxie, une affection pulmonaire, une atteinte du système nerveux central, une acidose métabolique, un sepsis, certaines tumeurs cérébrales, une hyperthyroïdie, l’altitude, la fièvre, une douleur, etc. Face à un syndrome d’hyperventilation, il convient d’établir un diagnostic différentiel afin d’écarter une pathologie grave.
  3. L’alcalose est augmentation du pH sanguin.
  4. L’hypophosphatémie est une diminution des phosphates contenus dans le plasma.
  5. L’hypocalcémie est une diminution du taux de calcium dans le sang.
  6. On appelle hypocapnie la diminution de la concentration du gaz carbonique dans le sang.
  7. L’angor (constriction de la poitrine) ou angine de poitrine est le symptôme cardiaque d’une maladie coronarienne.
  8. Gêne respiratoire
  9. Fourmillements, picotements, engourdissements.