La souffrance du personnel de secours : comment la reconnaître ?

Article paru sur http://www.secunews.be, le 21 mars 2011. Pour voir l’article sur le site de secunews, cliquez ICI.

Par Evelyne Josse

Dans le premier article, nous avons passé en revue les sources de stress auxquelles se trouve confronté le personnel des services de secours et d’urgence. Dans le présent, nous allons apprendre à reconnaître leur souffrance.

Le stress est un phénomène naturel et utile à la survie. Il libère l’énergie et procure la motivation nécessaire pour faire face aux situations difficiles et relever des défis. Mais de même qu’un médicament utile peut devenir nuisible au-delà d’une certaine dose, des réactions de stress trop fréquentes, trop prolongées, trop intenses et mal gérées peuvent produire des effets négatifs.

Au niveau professionnel , ces effets se manifestent par une détérioration de l’efficacité, hypothéquant la qualité des interventions. L’intervenant peut éprouver des difficultés à se concentrer, développer une hyperactivité inefficace, surestimer ou sous-évaluer ses performances et se montrer borné. Comme le bâillement, le stress est contagieux. Il se communique aux collègues, entraînant des « épidémies » de conflits et de démotivation.

Au niveau relationnel , le professionnel peut éprouver le besoin de parler sans discontinuer ou au contraire, se replier sur lui-même. Il peut aussi exprimer une méfiance injustifiée, des attitudes négatives ou pessimistes, du cynisme, du sexisme, du racisme, des jugements arbitraires et de l’agressivité.

Au niveau comportemental , il se plaint de troubles du sommeil et de l’appétit. Il prend parfois des risques inconsidérés pour lui-même et pour autrui : multiplication inhabituelles des relations amoureuses et sexuelles, conduite automobile dangereuse, comportement provocateur, consommation abusive d’alcool, de drogue ou de médicaments psychotropes, violence domestique, dépenses compulsives, etc.

Au niveau émotionnel , le stress se traduit par des attitudes négatives envers soi-même, le travail, la vie, les collègues et/ou les supérieurs, une exacerbation de la sensibilité, des crises de colère, des angoisses ainsi que par une détresse psychique pouvant pousser, dans les cas extrêmes, au suicide.

Le stress a sur l’organisme un effet reconnu. A court terme, les signes sont la fatigue excessive et l’apparition de problèmes mineurs de santé tels que céphalées, douleurs dorsales, troubles gastro-intestinaux, rhumes répétés, eczéma, palpitations, etc. Avec le temps peuvent apparaître de véritables maladies. Les cardiopathies, les ulcères d’estomac et le diabète sont plus fréquents dans le milieu des intervenants des services de secours que dans la population générale.

Dans le prochain article, nous proposerons quelques conseils susceptibles d’aider le personnel à gérer son stress.

Articles de la série :
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Comment lutter contre le stress lié aux professions de secours
Personnel de secours confronté aux situations traumatiques
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Evelyne Josse

Psychologue, psychothérapeute, http://www.resilience-psy.com

Source : http://www.vsoa-pol.be