Article paru sur http://www.secunews.be, le 01 février 2011. Pour voir l’article sur le site de secunews, cliquez ICI.
Evelyne Josse, 2011
Le décès d’un adolescent victime d’un accident de moto au retour d’une boîte de nuit, le meurtre d’une jeune femme étranglée par un partenaire éconduit, la mort d’un enfant renversé par une voiture à la sortie de l’école sont autant de tragédies que, dans leur fonction, les policiers doivent annoncer aux familles.
Ces missions délicates doivent être soigneusement préparées. Les policiers doivent recueillir des informations sur la victime (identité, situation familiale), les faits (type d’incident, lieu, heure, déroulement, état de la dépouille) et les personnes à avertir (identité, situation familiale, état de santé, etc.).
Les intervenants doivent également se préparer mentalement. En effet, au contact de personnes désespérées, pleurant, criant, agitées, paniquées, déniant la réalité du drame, refusant toute aide, agressives ou menaçant de se suicider, etc., les policiers éprouvent des émotions fortes. De plus, certaines situations peuvent revêtir une signification particulière à un moment de leur histoire (par exemple, décès d’un enfant quand on est devenu récemment parent). Or, pour remplir leur mission correctement, ils se doivent de maîtriser leurs comportements et leurs émotions.
Mieux ils savent à quoi s’attendre, mieux ils seront préparés à faire face aux défis présents sur le terrain.Toutefois, il s’agit d’éviter d’inhiber durablement les sentiments désagréables suscités par de telles interventions. Partager son vécu et ventiler ses émotions avec un collègue ou un psychologue, c’est se permettre de rester efficace face à la douleur et la souffrance.
L’annonce doit être faite dans les plus brefs délais, avant que les personnes concernées ne soient informées du drame par les médias. Lorsqu’une victime décède à l’hôpital, les policiers doivent également vérifier qu’elles n’ont pas déjà été averties par le personnel médical.
Il est difficile pour un seul intervenant de gérer simultanément plusieurs personnes en détresse (par exemple, un couple apprenant le décès de leur enfant), raison pour laquelle il est préférable de constituer un tandem d’intervenants. Il peut être utile, voire nécessaire, que les policiers soient accompagnés d’un intervenant psychosocial chargé de l’assistance aux victimes au sein de la zone de police (soutien psychologique, orientation pour une aide ultérieure, etc.).
L’entretien doit se dérouler dans un environnement calme. Lorsqu’il a lieu au domicile des endeuillés, les intervenants demanderont à entrer dans l’habitation ; à l’hôpital, ils repèreront un local adéquat. Ils veilleront à ne pas être dérangés par des coups de téléphone ou par les communications radio de service.
Dans le prochain article, nous allons détailler les étapes de l’annonce même du décès. Consultez également l’excellent document en référence rédigé par une psychologue du service Assistance aux victimes de la zone de police Boraine.
Articles de la série :
– Annoncer un décès tragique aux proches, une tâche délicate…
– Comment annoncer un décès tragique aux proches du défunt ?
Evelyne Josse
Psychologue, psychothérapeute
http://www.resilience-psy.com
Source: http://www.policeboraine.be