You are currently viewing Forum : Les psychédéliques, entre Science et Conscience

Forum : Les psychédéliques, entre Science et Conscience

Organisé par l’association Approches Transpersonnelles asbl en collaboration avec Resilience Psy (Evelyne Josse)

Infos et réservation sur https://www.deuil-conscience.com (dans la catégorie Psychédélique)

Avec :

  • Olivia Gosseries du GIGA Consciousness – Coma Science Group de l’université de Liège (Belgique) qui dirige la recherche sur la kétamine et prochainement sur la psilocybine chez les patients en post-coma.
  • Olivier Chambon, psychiatre et auteur
  • Stephan Schillinger, écrivain et praticien de la relation d’aide
  • Christophe Baliko, psychothérapeute
  • Françoise Bourzat
  • Les autres intervenants seront annoncés prochainement

Editorial

Les psychédéliques, entre Science…

En 1943, Albert Hofmann, un chimiste suisse, découvre fortuitement les propriétés psychotropes du LSD, une substance qu’il a lui-même synthétisée cinq plus tôt à partir de l’ergot du seigle. Rapidement, le LSD suscite l’intérêt de la communauté scientifique internationale. Au cours des années 1950-1970, les psychédéliques, et en particulier le LSD, compte parmi les substances psychoactives les plus étudiées dans le monde. Dans le secteur de la recherche, ils sont un moyen d’étudier le fonctionnement du cerveau. Dans le domaine thérapeutique, ils sont prescrits dans de nombreuses indications telles que le traitement de la dépression, de la dépendance à l’alcool, de la douleur et de l’anxiété liée à la fin de vie.

En France, l’année 1966 sonne le glas des psychédéliques. Claudine Escoffier-Lambiotte, médecin et journaliste respectée, rédige dans le journal « Le Monde » une série d’articles alarmistes. Le LSD, prétend-elle, est une drogue redoutable à l’origine de psychoses. Les médias s’emballent et surenchérissent, véhiculant les histoires les plus folles. L’affaire prend de l’ampleur. Les autorités sont forcées de réagir et, six semaines à peine après la publication de la chronique de Claudine Escoffier-Lambiotte, le gouvernement classe la substance dans la catégorie des stupéfiants. Cette décision est prise à la hâte, au mépris des données scientifiques attestant des vertus thérapeutiques des psychédéliques et de la sécurité de leur usage. Ce battage médiatique à charge est d’autant plus surprenant qu’en France, le LSD est principalement administré dans les structures hospitalières et que peu nombreux sont les jeunes à le consommer de manière récréative.

Aux États-Unis, les années 1960 sont traversées par divers mouvements de contestation. La jeunesse se révolte contre la société de leurs parents. Ils militent contre la guerre du Vietnam, ils luttent pour le droit des femmes, ils réclament une société plus juste envers les Noirs américains. Ces mouvements déplaisent à la société conservatrice américaine. Aux fins de décrédibiliser ces mouvements sociaux, le LSD est pointé du doigt. Cette substance, dit-on, détruit le cerveau des jeunes consommateurs et les amènent à se rebeller contre l’ordre établi. Le sujet devient politique. En 1968, l’agence nationale du médicament (FDA) fait fi des recherches scientifiques prometteuses, et, en dépit des résultats thérapeutiques probants, interdit les recherches sur les psychédéliques. En 1970, la loi sur les substances contrôlées sonne la fin de la récréation pour le mouvement hippie et prohibe toute consommation de substances psychédéliques. Les barbituriques, pourtant nettement plus dangereux, générant des dépendances et présentant des risques importants d’intoxication, passent sous les radars.

En 1971, la Convention sur les substances psychotropes, coordonnée par l’ONU, classe les psychédéliques dans la liste des substances dangereuses sans réelle valeur thérapeutique. Cette loi impacte tout le monde occidental. La classification des psychédéliques dans les stupéfiants met fin aux études cliniques et aux applications thérapeutiques.

Toutefois, dès les années 1990, les psychédéliques amorcent un lent retour en grâce et, depuis le début des années 2000, ce mouvement prend de l’essor. Les essais cliniques actuels confirment les effets thérapeutiques rapportés par les scientifiques dans les années 1960 et 1970. Une méta-analyse récente (2021) démontre que ces substances constituent des thérapeutiques prometteuses, d’efficacité rapide, dont les bienfaits peuvent perdurer plusieurs mois après une dose unique.

La recherche sur les psychédéliques ouvre des perspectives vers des voies thérapeutiques alternatives dans le traitement de troubles résistants aux moyens actuels de prise en charge : la dépression chronique, les addictions, les syndromes psychotraumatiques, les troubles obsessionnels compulsifs ou encore la détresse anxiodépressive associée à une maladie potentiellement mortelle.

Et conscience…

Parallèlement à l’usage clinique des psychédéliques, s’est développé le psychonautisme. Ce néologisme, que l’on attribue à l’écrivain allemand Ernst Jünger, désigne l’exploration de la psyché grâce aux substances psychédéliques. Les psychonautes, les « navigateurs de l’âme », vivent, au cours de leur voyage, des expériences riches, souvent qualifiées de spirituelles ou de mystiques, telles que la reliance avec les autres, la nature et l’univers, la dissolution de l’ego dans l’unité du Tout ou bien encore le sens de l’existence et du sacré.

Quand science et conscience se rejoignent

Les personnes ayant été traitées par psychédéliques dans le cadre d’études scientifiques contrôlées sur l’anxiété liée à la fin de vie, l’alcoolisme, la dépression et d’autres troubles, rapportent, elles aussi, des expériences mystiques. Or, une méta-analyse récente (2022) démontre que plus une expérience est mystique, plus elle a du sens pour la personne, et plus les troubles dont elle souffre s’amendent.

Pour en finir avec les idées reçues

Ce forum n’entend pas faire l’apologie des psychédéliques, mais vise à faire la lumière sur ces substances à l’aune des connaissances actuelles.

Evelyne JOSSE

Bibliographie

Lucie Berkovitch L., Romeo B. et coll. (2021). Efficacité des psychédéliques en psychiatrie, une revue systématique. April 2021L Encéphale 47(3). DOI: 10.1016/j.encep.2020.12.002

Dubus Z. Le traitement médiatique du LSD en France en 1966 : de la panique morale à la fin des études cliniques. Cygne noir , n°9, 2021, p. 36‑62.

Ko K., Knight G., Rucker J. J., Cleare A. J. (2022). Psychedelics, Mystical Experience, and Therapeutic Efficacy: A Systematic Review Front. Psychiatry, 12 July 2022, Sec. Psychopharmacology. https://doi.org/10.3389/fpsyt.2022.917199. https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fpsyt.2022.917199/full

Nos intervenants

Olivier Chambon

Médecin psychiatre depuis plus de trente ans, Olivier Chambon a été un pionnier des méthodes de soins comportementales et cognitives pour les patients psychotiques chroniques.

Il a cocréé en France le premier diplôme universitaire de psychothérapie intégrative ( livre « Les bases de la psychothérapie »). Depuis plus d’une dizaine d’années, il se passionne pour l’utilisation thérapeutique des états modifiés de Conscience (avec notamment l’hypnose, l’EMDR, les voyages chamaniques, etc.).

Auteur de divers ouvrages de référence, trois livres sur le thème du chamanisme et de la psychothérapie, trois autres sur les expériences extraordinaires autour de la mort et la survie de la conscience après la mort.

Il rédige en 2009 un livre précurseur en France sur l’intérêt psychothérapeutique et spirituel des psychédéliques (« La médecine psychédélique », Les Arènes, 2009). Dix ans après un nouvel ouvrage, co-rédigé avec le journaliste scientifique Jocelin Morisson et de nombreux contributeurs, vient à nouveau mettre ces importantes avancées en France. (« La révolution psychédélique », Tredaniel, 2020)

Actuellement il s’intéresse aux façons de nous ouvrir à plus de Conscience dans nos corps, dans nos vies, nos relations, et dans le monde qui nous entoure.

Stephan Schillinger

Passionné de spiritualité et de psychologie transpersonnelle, Stephan est auteur, conférencier et praticien en relation d’aide. Il propose un accompagnement personnalisé, nourri par plus de 20 années de cheminement spirituel. ​Après une première vie de sportif de haut-niveau jusqu’à l’âge de 21 ans, où il participe à son dernier championnat du monde, il entame en 2005 une carrière dans la finance, jusqu’à devenir gestionnaire de fortune, en France puis en Suisse. Il a ainsi accompagné, pendant plus de 12 ans, dirigeants d’entreprises et célébrités dans leurs problématiques liées à la gestion de leur fortune et au changement de vie qui en découle, mais aussi au lâcher-prise nécessaire à celui-ci. Au fil des années, il constate que la dimension spirituelle et psychologique était centrale et indissociable des problématiques pour lesquelles on le consultait. Il entame donc en 2017 un changement de vie profond et radical, afin de poursuivre cette quête spirituelle avec davantage de profondeur, à travers un long voyage (intérieur et extérieur) et de nombreuses expériences à travers le monde, autour du chamanisme, des états modifiés de conscience, de la méditation, du jeûne, et des plantes sacrées (Pérou, Suisse, Belgique, Espagne, Thaïlande, Canada).Stephan accompagne de manière individuelle ou collective, celui qui prend conscience d’être « en chemin », et qui désire entamer la guérison de ses blessures, un processus d’évolution intérieure, une transformation profonde, ou simplement une exploration du Soi. Aujourd’hui auteur, praticien en relation d’aide*, et conférencier suivi par plus de 80.000 followers sur les réseaux sociaux, il met ses différentes vies (sportif, dirigeant, écrivain, mystique & cherchant) au profit d’un public plus large, à travers une approche humaniste basée sur l’écoute, le questionnement et la bienveillance, sous forme de consultations individuelles et de stages.

Christophe Baliko

Christophe Baliko est psychothérapeute, hypnothérapeute, psychonaute. Il se spécialise dans l’accompagnement des troubles anxieux, trauma, ESPT, Phobies, mais aussi des personnes souffrant de maladies graves et en fin de vie. Ainsi que les enfants et ados dits  « à profil neuro-atypique. » Il intègre dans sa pratique les compétences issues de la psychothérapie classique comme la systémique Palo Alto, la PNL, qu’il complète par des concepts et outils, dérivés de la pratique chamanique et éco-rituels, l’hypnose Ericksonienne, nouvelle, transgénérationnelle et la CIAD (formé par Evelyne Josse). Mais aussi des neurosciences, des sciences cognitives, méthodologie, et facilitation graphique. Psychonaute avant tout, convaincu que la transe, oubliée de notre culture, est un état naturel, il s’essaye aux états modifiés de conscience (EMC), repoussant sans cesse les limites, les moyens et techniques. Pour lui, « toute thérapie pour quelle soit efficace doit constituer à faire cheminer le sujet vers une reconnexion à sa spiritualité « 

Olivia Gosseries

Pr. Olivia Gosseries est codirectrice du Coma Science Group à l’université de Liège et chercheuse qualifiée au FNRS. En tant que neuropsychologue, ses premiers travaux se sont concentrés sur le diagnostic et le pronostic des patients souffrant de troubles de la conscience qui se remettent d’un coma en utilisant la stimulation cérébrale non invasive et l’électrophysiologie. Au cours de ces dernières années, elle a travaillé plus intensivement sur les options thérapeutiques, notamment en utilisant des agents pharmacologiques comme les psychédéliques.

Pour étudier la conscience humaine de manière plus globale, elle étudie également l’anesthésie, les expériences de mort imminente, le rêve lucide, la méditation, l’hypnose, la transe cognitive auto-induite et la réalité virtuelle.

Son objectif est de continuer à améliorer les soins aux patients qui récupèrent du coma, de contribuer à la compréhension de la conscience humaine et de promouvoir l’éducation et la sensibilisation du public à ce sujet clinique et de recherche fascinant.

Les interventions

Stéphan Schillinger : La Sagesse Interdite – Révélations sur les plantes psychédéliques à la source des traditions spirituelles

Des breuvages mythiques décrits dans les textes fondateurs religions orientales, aux états modifiés de conscience des plus grands prophètes, en passant par la nature originelle de l’eucharistie chrétienne, Stephan Schillinger explore ce qu’Huston Smith, l’historien religieux le plus influent du XXe siècle, appelait « Le secret le mieux gardé de l’histoire ». En s’appuyant sur les travaux de chercheurs américains, les preuves scientifiques et historiques, l’auteur partage sa réflexion sur l’origine de la spiritualité et des grand courants religieux qui ont suivi. Rigoureusement et abondamment sourcée, sa démonstration explore des questions et hypothèses révolutionnaires sur la nature de la réalité et des expériences psychédéliques permettant d’accéder aux états de conscience élargis qu’il présente comme l’origine du sentiment spirituel. Il révèle les ponts brûlés entre deux rives. L’une abandonnée, celle des plantes sacrées, psychédéliques et enthéogènes que nous redécouvrons ici, à la lumière de la science. Et l’autre, lieu de la plupart des traditions spirituelles et religions, objets de nombreuses interprétations. Cette conférence s’adresse à tous ceux qui, engagés sur le chemin du Soi ou dans une quête spirituelle, désirent explorer leur conscience, la nature de la réalité, et interrogent ce qu’ils perçoivent ou connaissent du monde. A ceux qui cherchent des réponses aux fameuses questions restées en suspens depuis des millénaires.

Christophe Baliko Entre thérapie & psychonautisme spirituel.

Les effets bénéfiques des Psychédéliques ne sont plus à démontrer ; leur histoire remonte à plusieurs milliers d’années. D’abord utilisés par les guérisseurs, les shamanes et les druides sous leur forme végétale originelle, ils ont servi à la fois de moyen de contact avec des Consciences supérieures (ils sont alors désignés enthéogènes) et de moyen de guérison. Plus proche de nous, les essais cliniques avec différents psychédéliques ne cessent de repousser les limites de nos connaissances de leur champ d’action.

Pourtant, le débat continue de diviser le point de vue matérialiste défendu par les neuroscientifiques, qui postulent que la matière (neuronale) engendre la conscience, et le modèle post-matérialiste, pour qui la conscience est ce qui crée tout. De ces points de vue, les causes des bienfaits des PDL s’opposent. Pour les premiers, c’est l’extinction d’une partie du cerveau, le réseau mode par défaut, qui est à l’origine de la guérison. Pour les seconds, c’est l’expérience spirituelle, comme une catharsis positive, qui en est la base. La vérité se trouve probablement à mi-chemin, et les frontières entre les PAP et le psychonautisme s’amenuisent.

Ce retour aux états élargis de conscience (EEC), est un retour à nos pratiques spirituelles, depuis si longtemps oubliées. Une véritable thérapie qui se doit d’être à la fois transpersonnelle, des profondeurs, et concrète.

Je vous propose d’explorer comment les EEC assistés par psychédélique, et plus particulièrement avec les psilocybes, en y incluant une part de pratique de rituel, peuvent générer des changements durables, dans la prise en charge de troubles anxieux. De comprendre en quoi la connexion concrète à la nature et la pratique de l’hypnose peuvent être un bénéfice non-négligeable des séances d’intégration.

J’exposerai en quoi, de mon point de vue, le champignon qui est à l’origine de la vie telle que nous la connaissons sur terre, est un moyen particulier de communier avec la Nature. En quoi cette connexion est la clef de notre guérison en tant qu’être humain. Et intégrer dans nos vies, cette citation de Pierre Teilhard de Chardin : “Nous ne sommes pas des êtres humains vivant une expérience spirituelle, mais des êtres spirituels vivant une expérience humaine.”

Olivia Gosseries : Traiter les patients qui récupèrent du coma avec les psychédéliques