Stress, angoisses : les répercussions de la guerre en Ukraine sur la santé mentale des Français

Un article de Amandine Hirou pour le magazine d’actualité hebdomadaire français L’Express du 13 mars 2022.

Le spectre d’une troisième guerre mondiale, les images terribles de bombardements fragilisent les personnes déjà fortement éprouvées par les deux années de pandémie de Covid.

Qui n’a jamais entendu ou tenu ce discours ? « N’oubliez pas que vous avez une chance énorme de vivre dans un pays en paix. Vos arrière-grands-parents, eux, ont connu la guerre et ont dû faire face à des situations bien plus terribles. » Voilà ce qu’Emilie, quadragénaire parisienne avait l’habitude de rétorquer à ses enfants en cas de petits soucis, voire de plus gros problèmes. Du moins jusqu’à maintenant.

Comme tout le monde, cette mère de famille regarde aujourd’hui avec effroi les images des bombardements qui tuent des centaines de civils à seulement 2 000 kilomètres de chez nous. « C’est terrible ! On s’identifie forcément à ces gens qui vivent l’épreuve ultime de perdre leurs proches, leurs maisons, tous leurs repères. Pour la première fois de ma vie, je me dis que ça pourrait nous arriver aussi. Et je culpabilise de me sentir aussi impuissante », poursuit-elle, reconnaissant des nuits hachées depuis quinze jours. Emilie est loin d’être la seule. Selon un sondage mené fin février par l’institut Ipsos pour Le Monde, La Fondation Jean-Jaurès et Sciences Po, l’invasion de l’Ukraine par la Russie inquiète 90 % des Français (parmi eux, 43 % se disaient même « très inquiets »). En tête des préoccupations, les conséquences économiques de la guerre, une possible extension du conflit au-delà de l’Ukraine et une éventuelle attaque nucléaire.

La plupart des médecins et spécialistes font le même constat : la guerre en Ukraine risque d’affecter fortement le moral, voire la santé mentale des Français, dans les semaines et les mois qui viennent. « Je le constate déjà au cours de mes consultations. En ce moment, la grande majorité de mes patients ne me parle que de ça », confie le psychiatre Serge Hefez depuis son bureau de l’hôpital de la Pitié Salpêtrière, à Paris.

« Effet de sidération » accentué
Le choc est d’autant plus rude que le grand public ne s’attendait pas à une offensive aussi soudaine de la Russie en Ukraine et à des conséquences aussi tragiques. « La succession de traumas, qui viennent s’ajouter les uns aux autres, accentue encore l’effet de sidération actuel », poursuit Serge Hefez. Au diapason avec la psychologue Evelyne Josse pour qui notre vie « commence à ressembler à un triathlon ». Les attentats de 2015 et la menace terroriste, la pandémie de Covid-19 de 2020 dont nous subissons encore les effets, et maintenant la menace que la guerre fait peser sur l’Europe… « Ces épreuves d’endurance s’enchaînent sans le répit nécessaire dont nous aurions besoin pour reconstituer nos ressources psychiques », poursuit la spécialiste, également chargée de cours à l’Université de Lorraine.

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