Les violences sexuelles entre détenus de sexe masculin : un révélateur de la subordination de la femme dans la société

Par Evelyne Josse, psychologue, psychothérapeute (hypnose, EMDR, EFT), consultante en psychologie humanitaire, http://www.resilience-psy.com

Au vu de l’importance que la sexualité revêt pour les individus et les communautés, il n’est pas étonnant que certaines situations telles que l’incarcération exposent particulièrement les hommes aux brutalités d’ordre sexuel. Plus surprenant sans doute est le fait que ces sévices puissent révéler les positions hiérarchiques dévolues aux genres masculin et féminin dans la plupart de nos sociétés. Partout dans le monde, les rapports de genre sont organisés selon une hiérarchie où les hommes occupent la position dominante et les femmes, une position de subordination. La virilité est un principe organisateur essentiel de cette catégorisation. Elle distingue non seulement les hommes des femmes mais elle classe également les individus masculins selon un axe vertical. Ainsi, dans l’univers de la prison, les individus capables d’affirmer leur virilité occupent les postions élevées de la hiérarchie carcérale ; les autres sont relégués au bas de l’échelle, assimilés aux femmes et assujettis comme celles-ci le sont hors les murs.
Dans cet article, nous tentons d’apporter un regard croisé sur les rapports de genre et les violences sexuelles entre détenus.

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Les violences sexuelles entre détenus de sexe masculin : un révélateur de la subordination de la femme dans la société


Un article d’Evelyne Josse

« L’histoire, c’est celle de millions de prédateurs sans pitié. Nous. Et de leurs millions de victimes sans défense. Nous aussi. »
(Exposition « Le futur a-t-il un avenir ? », Parc d’aventures scientifiques, Frameries, Belgique)

Table des matières

– INTRODUCTION

– GENRE ET POUVOIR

– GENRE ET VIOLENCE

– LES DETERMINANTS DE LA VIOLENCE SEXISTE

  • La virilité
  • Le virilisme

– L’UNIVERS SOCIAL DES PRISONS

  • La virilité comme principe organisateur de la sociabilité carcérale
  • La violence comme instrument d’hiérarchisation du collectif carcéral
  • L’exemple des prisons des pays de l’ex-Union Soviétique
  • L’exemple des prisons américaines

– HIERARCHIE CARCERALE ET CONSTRUCTION SOCIALE DES GENRES

  • Homosexualité versus hétérosexualité
  • Passivité sexuelle et permutation de genre
  • Virilisme et sexisme

– CONCLUSION

– BIBLIOGRAPHIE

– L’AUTEUR


Introduction

La sexualité ne se réduit pas à la seule satisfaction physiologique des pulsions sexuelles. En effet, elle cristallise de nombreuses valeurs et se teinte de significations spécifiques en fonction de l’usage social qui en est fait : pacification, réconciliation, régulation sociale, punition, échange, transaction, provocation, domination, humiliation, contrôle, etc. Au vu de l’importance qu’elle revêt pour les individus et les communautés, il n’est pas étonnant que certaines situations telles que l’incarcération exposent particulièrement les hommes aux brutalités d’ordre sexuel 1. Plus surprenant sans doute est le fait que ces sévices puissent révéler les positions hiérarchiques dévolues aux genres masculin et féminin dans la plupart de nos sociétés.

Partout dans le monde, les rapports de genre sont organisés selon une hiérarchie où les hommes occupent la position dominante et les femmes, une position de subordination 2. La virilité est un principe organisateur essentiel de cette catégorisation. Elle distingue non seulement les hommes des femmes mais elle classe également les individus masculins selon un axe vertical. Ainsi, dans l’univers de la prison, les individus capables d’affirmer leur virilité occupent les postions élevées de la hiérarchie carcérale ; les autres sont relégués au bas de l’échelle, assimilés aux femmes et assujettis comme celles-ci le sont hors les murs. Le véritable enjeu de la violence sexuelle sert à prouver la masculinité et la puissance de l’agresseur ; il porte en fin de compte sur l’exercice du pouvoir dans un univers coercitif, pouvoir conçu selon la logique de la domination sexiste.

Dans cet article, nous allons tenter d’apporter un regard croisé sur les rapports de genre et les violences sexuelles entre détenus.

Genre et pouvoir

Le terme « genre » fait référence à un principe d’organisation sociale. Il renvoie aux spécificités des individus dans leur communauté et dans leur culture en fonction de leur sexe.

Chaque société établit des règles spécifiques pour ses membres, enfants et adultes, selon qu’ils sont de sexe féminin ou de sexe masculin. Ces règles, implicites et explicites, déterminent les rôles, les statuts, les responsabilités, les obligations, les activités, les pratiques, les modes relationnels entre hommes et femmes, les attitudes et les comportements acceptables et appropriés pour chacun, dans chaque situation, en fonction de son sexe.

Partout dans le monde, ces représentations et pratiques concernant les identités et les rôles assignés à chacun des deux sexes induisent une asymétrie de pouvoir entre les genres. En effet, ces stéréotypes attribuent aux hommes la position dominante tant collectivement qu’individuellement, tant dans le domaine privé que public (économique, politique, culturel, social et sexuel).

Genre et violence

On nomme violence basée sur le genre (en anglais, gender-based violence ou GBV), violence sexospécifique ou bien encore violence sexiste 3, tout acte perpétré contre la volonté d’une personne et résultant de sa détermination biologique ou de son rôle spécifique en tant qu’être sexué. La violence sexuelle est un type spécifique de violence basée sur le genre 4. Elle peut-être définie comme « tout acte sexuel, tentative pour obtenir un acte sexuel, commentaire ou avances de nature sexuelle, ou actes visant à un trafic ou autrement dirigés contre la sexualité d’une personne utilisant la coercition, commis par une personne indépendamment de sa relation avec la victime, dans tout contexte, y compris, mais s’en s’y limiter, le foyer et le travail »

5

.

Comme nous verrons, l’agression sexuelle dans l’univers carcéral constitue un moyen d’établir le degré de masculinité des détenus et de leur assigner leur position dans la hiérarchie carcérale.

Les déterminants de la violence sexiste

La virilité

La virilité se décline selon trois axes :

– Selon l’axe biologique, elle désigne les caractéristiques physiques de l’homme (sexe, musculature, pilosité, etc.).

– Selon l’axe sexuel, elle renvoie au comportement sexuel (puissance, comportement
sexuel dominant : actif et « pénétrant » dans les rapports vaginaux et anaux, passif
dans la fellation et la masturbation) et à la capacité de procréer.

– Selon l’axe psychosocial, elle définit les capacités physiques, les aptitudes
psychiques et les valeurs morales culturellement attribuées aux hommes. Dans la plupart des sociétés, la virilité est associée à la force physique, à la puissance, au courage, à la résistance mentale, au sens de l’honneur, à la capacité à se battre, à la domination des plus faibles (tous traits de caractère censés résulter des capacités physiques), etc.

Dans toutes les sociétés, l’expression de la virilité apparaît comme l’élément déterminant de l’identité masculine

6

.

Le virilisme

On entend par « virilisme » 7, l’exacerbation d’attitudes et de comportements virils adoptés par les hommes. Ce paroxysme de virilité se manifeste principalement dans les communautés régies par la loi du plus fort 8 telles que les institutions pénitentiaires, l’armée, le monde de la rue (gangs, bandes) et les quartiers défavorisés des grandes villes. L’usage abusif d’une position dominante signe le plus souvent une situation d’insécurité ou de malaise social. La compétition semble favoriser le repli et le renforcement des représentations traditionnelles sur des valeurs comprenant la domination masculine.

Le virilisme se manifeste principalement par l’agressivité (pouvant aller de l’agression verbale au meurtre), par la volonté de dominer et de conquérir (y compris sexuellement), par le rejet d’attitudes et de comportements considérés comme des signes de faiblesse (pitié, compassion, indulgence, sentiments amoureux, etc.) ainsi que par le culte des caractéristiques extérieures de masculinité (selon les cultures, musculation du corps, notamment grâce au sport, cheveux courts ou rasés, port de la barbe ou de la moustache, tatouages, tenue vestimentaire, etc.).

Ce virilisme s’exprime dans les rapports que les hommes établissent avec les femmes autant que dans les relations qu’ils construisent avec leurs semblables masculins. Comme nous le verrons, cette virilité totalisante se manifeste notamment au détriment de ceux qui ne parviennent pas à affirmer leur masculinité.

L’univers social des prisons

La captivité désaffilie les détenus de la plupart de leurs réseaux sociaux et groupes d’appartenance. De plus, l’administration pénitentiaire exerce un contrôle jusque dans les plus petits détails de la vie quotidienne (horaires des repas, du lever et du coucher, composition des menus, programme et type d’activité, accès aux biens de consommation, etc.). L’incarcération a ainsi pour conséquence de déposséder les individus de leur identité personnelle et sociale et d’invalider les compétences et les expériences dont ils pouvaient faire état dans la société. Elle leur impose un univers social confiné parfois très différent du leur, celui de la population carcérale et les contraint à se couler dans une nouvelle identité 9 conditionnée par le contexte pénitentiaire.

La virilité comme principe organisateur de la sociabilité carcérale

Au sein de l’institution pénitentiaire, la virilité tient lieu d’identité au détriment de toute autre spécificité telle que les différents domaines d’activité (travail, activités de loisirs, etc.) et les liens sociaux (famille, amis, voisinage, etc.) sur lesquels repose principalement l’identité pré-carcérale. Dans cet espace masculin, les hommes sont en compétition, ce qui concoure au renforcement des critères et des valeurs propres à l’identité masculine (virilisme conduisant à la rigidification des définitions telles que ce que signifie « être un homme », ce qui importe pour le devenir ou le rester, etc.) et à la surenchère des marqueurs de virilité (exacerbation des marques extérieures de la masculinité telles que machisme, musculation, tatouages, comportement sexuel dominateur, etc.). En effet, il importe de passer pour un « dur » et de se faire respecter sous peine de se faire maltraiter.

La violence comme instrument d’hiérarchisation du collectif
carcéral

Dans ce chapitre, nous allons tenter de démontrer comment la violence structure le collectif carcéral en produisant de nouvelles identités individuelles et en établissant une hiérarchie entre prisonniers.

Nous l’avons vu, le virilisme se manifeste principalement par un comportement dominateur et violent. Dans la société carcérale, cette violence, en particulier la violence sexuelle, devient le moyen d’exercer un pouvoir dans une situation où les individus en sont presque totalement privés. Ainsi, les relations que tissent entre eux les prisonniers sont le plus souvent dominées par des rapports de force et d’autorité virile basés sur la soumission et l’humiliation. Dans l’univers pénitentiaire, chacun gagne sa place en se mesurant aux autres. Face à la provocation ou à l’intimidation d’un co-détenu, il est impossible de fuir.

Il n’existe dès lors que deux options : « Fuck or fight » 11, parce qu’ils ont bafoué la règle prescrivant de protéger les plus faibles et les « balances », parce qu’elles ont enfreint la loi du milieu en trahissant leurs amis.

L’exemple des prisons des pays de l’ex-Union Soviétique

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La vie des détenus dans les prisons des pays de l’ex-Union Soviétique

13

est régie par une hiérarchie interne basée sur un système de caste. Sans entrer dans les détails, mentionnons les principales catégories :

– Les « blatnje » (du mot « blat », pistonné) (блатные) sont des truands professionnels pour qui l’incarcération n’est qu’une étape dans la carrière criminelle. Ils ne collaborent pas avec l’autorité pénitentiaire à laquelle ils opposent un pouvoir parallèle 14, pouvoir dont ils sont les leaders.

– Les « muzhiki » (мужики) , littéralement les « hommes », représentent la caste majoritaire. Leur avenir dans le crime n’est pas scellé. A leur sortie de prison, certains deviendront des bandits professionnels tandis que d’autres s’engageront à mener une existence honnête. Durant leur incarcération, ils respectent les règles imposées par les blatnje 15 et refusent de collaborer avec l’administration carcérale.

– La troisième caste est celle des « kozli » (козлы), les « connards » (en argot, littéralement : les boucs). Ils coopèrent avec les autorités administratives ce qui leur vaut d’être considérés comme des traîtres par les blatnje et les muzhiki.

– Au bas de la pyramide, méprisés de tous, se trouve les « petukhi » (петухи) , les « pédales » (en argot, littéralement : les coqs). Cette catégorie regroupe les
homosexuels, tout détenu ayant été sexuellement contraint par un de ses pairs (notamment, les prisonniers punis par le viol pour avoir enfreint la « loi de la prison ») ainsi que les « pointeurs » 16. Les petukhi sont également appelés les « neprikasaemye », les « intouchables » (неприкасаемые) ou encore les « opouchtchenye » (опущенные) , les « rabaissés ». C’est la contrainte sexuelle qui provoque le « rabaissement » de la victime, c’est-à-dire sa rétrogradation sur l’échelle de la masculinité. Le viol le dévirilise, voire le féminise, la victimisation et la passivité sexuelle étant perçues comme l’opposé de la virilité.

L’exemple des prisons américaines

Dans les prisons américaines, le collectif carcéral n’est pas stratifié en castes formelles comme il l’est dans les pays de l’ex-Union Soviétique. Toutefois, les détenus se répartissent en deux grandes catégories (subdivisées en sous-classes) distinguant les forts des faibles, les dominants des dominés et au bout du compte, les hommes virils des « femmes » ou de leurs équivalents symboliques :

– Les dominants sont appelés « men » (les hommes), « studs » (terme utilisé pour désigner les étalons reproducteurs, par extension hommes réputés pour leur virilité et leur puissance sexuelle) ou « jockers » (sportifs des high school américaines renommés pour leurs succès féminins) 17.

– Les dominés regroupent les homosexuels, les « queers » (pédales, tapettes), les homosexuels efféminés, les « queens » (folles, tantes), appelés aussi « sissy » (femmelettes, chochottes) ou bien encore « little girls » (petites filles) ainsi que les hétérosexuels et bisexuels violés par leurs pairs, les « punks » (lopette, tapette).

Cette typologie se fonde principalement sur le comportement sexuel des détenus, celui-ci tenant lieu d’identité. Un comportement actif et « pénétrant » dans les rapports anaux, passif dans la fellation et la masturbation est associé au pouvoir sur les autres, dépendants et soumis 18. Dans ce système, l’assujettissement et la violence sexuelle constituent donc un instrument de hiérarchisation.

Hiérarchie carcérale et construction sociale des genres

Homosexualité versus hétérosexualité

La majorité des actes sexuels auxquels se livrent les prisonniers ne relèvent pas de l’homosexualité au sens strict. Il est plus exact de parler d’hétérosexualité « d’orientation masculine »

19

, le choix d’un partenaire de même sexe étant attribué à la situation carcérale et non à l’orientation sexuelle personnelle. En effet, dans la conception des détenus, seul le partenaire soumis (passif dans la pénétration ou actif dans la fellation et dans la masturbation) est considéré comme homosexuel ou plus précisément, comme un équivalent symbolique féminin (dans la sodomie, il est pénétré comme l’est une femme, voire même jouit d’une manière comparable). L’homme dominant, quant à lui, se comporte sexuellement comme il le ferait avec une compagne et éprouve des sensations physiques similaires à celles ressenties dans les rapports hétérosexuels. Il prouve qu’il est un homme en étant sexuellement actif : il entretient une activité sexuelle et il asservit sexuellement son partenaire en lui assignant un rôle de femme. Il affirme et consolide ainsi sa virilité.

Passivité sexuelle et permutation de genre

La passivité sexuelle (sodomie subie, fellation et masturbation prodiguées à autrui), consentante ou forcée, corrompt l’identité sexuée du prisonnier. Elle lui dérobe sa virilité et le convertit en un équivalent symbolique féminin. Il acquiert une réputation de « tapette », de « pédé » mais aussi de « pute », de « salope », de « femmelette », de « gonzesse ».

On conçoit dès lors que la violence sexuelle ait des effets de transformation identitaire tant au niveau personnel que collectif. Elle produit une mutation radicale dans la manière dont les victimes se perçoivent elles-mêmes et dont elles conçoivent leurs relations à leur environnement social immédiat et plus largement, à la société dans son ensemble. Elle induit également une modification des rapports sociaux au sein de la population carcérale. Ainsi, les détenus sexuellement contraints ne peuvent prétendre à un quelconque pouvoir économique (par exemple, dans les activités de contrebande ou le marché du sexe

20

). Ils acquièrent également une place particulière dans l’économie domestique pénitentiaire. Ils sont souvent contraints d’effectuer les diverses tâches ménagères (vaisselle, lessive, entretien de la cellule et nettoyage des toilettes

21

). L’utilisation domestique avilissante atteste de la féminisation des victimes et reflète les attitudes sexistes des hommes envers les femmes dans la société. La répartition des rôles traditionnels entre l’homme et la femme se rejoue pleinement dans cette
domination qui réduit le féminin à la soumission domestique, naturellement disponible et corvéable à merci.

Virilisme et sexisme

Selon cette conception machiste, être un homme, c’est être supérieur aux femmes ou à leurs équivalents symboliques, la féminité représentant l’antithèse méprisable de la virilité. Les détenus tentent donc de se démarquer au maximum de tout stéréotype féminin en affichant continuellement leur masculinité tant dans leur comportement que dans leur discours (mépris et dénigrement de la femme, survalorisation des prouesses viriles). Cette surenchère sexiste est dictée par le risque d’être assujetti et maltraité lorsque l’on est assimilé à une femme. Rappelons, en effet, que la violence s’exerce principalement aux dépens des hommes présentant des caractéristiques que les modèles dominants prêtent aux femmes.

Conclusion

Le microcosme unisexué de la prison invite à s’interroger sur les stéréotypes dominants de la virilité et de la féminité dans la société. En effet, la catégorisation des détenus reflète le fait que les relations sociales se structurent sur une asymétrie des genres, y compris dans un univers masculin. Les relations entre prisonniers sont structurées à l’image hiérarchisée des rapports hommes-femmes et empruntent le modèle hétérosexuel 22 dans lequel la virilité est associée à la position dominante. Dans cette hiérarchie fondée sur la virilité, les violences sexuelles établissent un ordre binaire partageant les détenus en deux grandes catégories : les hommes dignes de ce nom et les rebuts. Ces derniers, déchus au bas de l’échelle, sont assimilés aux femmes et sont relégués comme telles dans des rôles de subordination.

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Evelyne Josse est psychologue diplômée de l’Université Libre de Bruxelles. Elle est formée à l’hypnothérapie éricksonienne, à l’EMDR et à la thérapie brève.

Elle exerce en qualité d’expert en hypnose judiciaire auprès de la Justice belge et pratique en tant que psychothérapeute en privé. Elle est également consultante en psychologie humanitaire.

Elle a travaillé pour différentes ONG dont « Partage avec les enfants du Tiers Monde », « Avenir des Peuples des Forêts Tropicales », « Médecins Sans Frontières-Belgique » et « Médecins Sans Frontières-Suisse ».

Passionnée d’ULM 3 axes (type avion), elle a mis sur pied avec Thierry Moreau de Melen, un pilote, le programme ASAB (Anti Stress Aéronautique Brussels).

Auparavant, elle a également travaillé pour Médecins Sans Frontières-Belgique. Elle a exercé dans des hôpitaux universitaires auprès d’adultes atteints du VIH/SIDA et auprès des enfants malades du cancer. Elle a également été assistante en faculté de Psychologie à l’Université Libre de Bruxelles.

Documents joints

Notes et références

  1. D’autres articles du même auteur abordent en détail les violences sexuelles (à l’égard des hommes, des femmes et des enfants).
  2. Même dans les rares sociétés conservant des caractéristiques matriarcales (Touareg, Iroquois, Trobriandais), les femmes n’occupent pas les mêmes rôles institutionnels que les hommes dans les sociétés patriarcales.
  3. D’autres articles du même auteur abordent en détail les violences sexospécifiques (à l’égard des hommes, des femmes et des enfants).
  4. En anglais, on parle de « Sexual and gender-based violence » ou SGBV.
  5. OMS, 2002, « La violence sexuelle » in « Rapport mondial sur la violence et la santé », whqlibdoc.who.int/publications/
    2002/9242545619_chap6_fre.pdf
  6. On pourra nous objecter que depuis quelques décennies, notamment dans les pays d’Europe et d’Amérique du Nord, des hommes tentent de redéfinir l’identité masculine en la dissociant de la virilité. Ils n’en reste pas moins que les valeurs, les symboles, les mythes, les légendes, les croyances, les habitudes, les coutumes, les rites, les normes, les règles, les façons d’être, les
    idéologies et les modèles dominants restent de par le monde majoritairement patriarcaux.
  7. Terme du à Daniel Welzer-Lang.
  8. Usage abusif d’une position dominante par une personne ou un groupe de personnes dans le but de parvenir à ses fins (imposer ses normes, ses désirs, sa volonté, tirer un profit ou un bénéfice quelconque, humilier, etc.).
  9. Clemmer dénomme ce processus la « prisonniérisation ».
  10. Paraphrase due à Gordon James Knowles du célèbre « Flight or fight » (« fuir ou combattre ») de Walter Cannon, http://www.spr.org/pdf/knowles2.pdf.%5B/efn_note%5D (« baiser ou combattre »). S’il refuse de se soumettre, l’individu n’a qu’une issue : faire ses preuves, se battre pour son honneur, prouver qu’il est un homme. Les détenus capables de se défendre deviennent des leaders. Ceux qui ne peuvent leur opposer une résistance efficace deviennent leurs subordonnés (au plan physique, mental, financier et/ou sexuel). La violence produit ainsi des masculinités inégales ; elle départage les individus en deux classes : celle des hommes dignes de ce nom capables d’affirmer leur virilité et celle des sous-hommes.

    Les « vrais hommes » doivent leur supériorité hiérarchique à leur prouesses criminelles (identité pré-carcérale déjà déterminée par l’activité criminelle), à leur apparence virile (musculature développée, tatouage, etc.), à leur sens de l’honneur (violence en réponse à toute provocation ou intimidation), à leur volonté de dominer (résolution violente des conflits, refus de la négociation, comportement sexuel dominateur), etc.

    Les « sous-hommes » regroupent les homosexuels, les bisexuels, les transsexuels et les travestis car ils n’attestent pas d’un comportement sexuel dominant et ne répondent donc pas aux canons de la virilité. Les victimes d’agressions sexuelles sont également exclues de la communauté virile car selon les mythes un homme digne de ce nom ne peut être forcé à accomplir quelque acte que ce soit et préfère mourir plutôt que de céder sa virginité anale. Les détenus qui présentent (ou à qui l’on prête) des qualités physiques ou psychologiques associées aux stéréotypes féminins sont également bannis du groupe des « durs ». C’est le cas des individus petits, minces, aux traits délicats, imberbes, à la peau douce (associée à la jeunesse ou à l’apparence de la jeunesse), portant les cheveux longs, maniérés, de caractère sensible, timide et pacifique. Parmi les sous-hommes, on retrouve également les prisonniers ayant transgressé le code d’honneur propre à l’identité masculine : les « pointeurs » 10Individus écroués pour avoir violenté une personne vulnérable (un enfant, une personne âgée, un handicapé ou une femme).

  11. J’ai recueilli une partie de ces informations lors d’une mission humanitaire en Sibérie. Antonina
    Chernysheva les a complétées de précieuses précisions. Qu’elle en soit ici remerciée.
  12. Le système de castes existe dans tous les pays de l’ex-Union Soviétique. Néanmoins, le type de
    relation qu’elles entretiennent entre elles diffère d’une région à l’autre. Ainsi, en Sibérie, les individus issus des différentes castes co-existent dans les mêmes cellules. Au Kirghizstan, les petukhi résident dans la zone de travail, complètement séparés des blatnje et des muzhiki logés dans des baraquements. Le leadership varie également selon les régions. En Sibérie, les blatnje régentent toutes les castes tandis qu’au Kirghizstan, les petukhi ont leur propre chef. Dans certaines colonies (c’est le cas notamment au Kazakhstan), l’administration pénitentiaire jugule le pouvoir des blatnje ; dans d’autres, elle n’ose affronter cette autorité de fait.
  13. L’historique des castes dans le système pénitentiaire soviétique dépasse largement le cadre de cet article. Soulignons cependant qu’il s’est constitué et formalisé par opposition aux abus de l’administration communiste. Le lecteur intéressé peut se référer à l’article de Vavokhine Y., « La sous-culture carcérale (post)soviétique face à l’utilisation par l’administration pénitentiaire des doctrines d’autogestion », Vol I (2004), Champ pénal, http://champpenal.revues.org/document7.html
  14. La « loi de la prison » est constituée principalement d’interdictions concernant des actes à caractère symbolique (par exemple, participer aux travaux de réparation des installations associées au contrôle ou à la répression) et de toute forme de délation.
  15. Individus écroués pour avoir violenté une personne vulnérable (un enfant, une personne âgée, un handicapé ou une femme).
  16. Les termes varient considérablement d’une région à l’autre mais partagent les mêmes connotations.
  17. L’appartenance aux différentes sous-classes dépend degré de coercition sexuelle, de la mise en couple, de l’orientation sexuelle personnelle, de l’influence d’un gang, etc.
  18. Terme du à Daniel Lockwood, cité par Guérette M.R. in « Les agressions sexuelles en milieu carcéral : une perspective des prisonniers canadiens », http://www.collectionscanada.ca/obj/s4/f2/dsk1/
    tape10/PQDD_0002/MQ46578.pdf
  19. La prostitution est un phénomène répandu dans certaines prisons du monde. Des détenus sont ainsi « loués » à d’autres par leur « propriétaire » (la victime est la « propriété » de son premier
    agresseur). Pour plus de détail, voir l’article du même auteur : « Les violences sexospécifiques et sexuelles à l’égard des hommes »
  20. Notons que la situation des « petukhi » diffère selon le pays où ils sont incarcérés. En Sibérie, les activités citées leur incombent mais ce n’est pas le cas dans d’autres régions. Par exemple, au Kirghizstan, en qualité d’intouchables, tout contact avec eux, y compris par l’intermédiaire des
    vêtements ou de la vaisselle, conduit à la profanation des castes supérieures.
  21. Rappelons une fois encore que nous parlons des modèles les plus véhiculés dans le monde.