La violence qui règle toute la hiérarchie

E. PR, 2007

Un article de E. PR. publié le lundi 16 juillet 2007 sur le site de la DH

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La violence qui règle toute la hiérarchie.
C’est elle qui structure la vie en prison, qui crée de nouvelles identités

BRUXELLES « Le virilisme se manifeste principalement par un comportement dominateur et violent. Dans la société carcérale, cette violence, en particulier la violence sexuelle, devient le moyen d’exercer un pouvoir dans une situation où les individus en sont presque totalement privés », précise Evelyne Josse dans son étude.

Les relations entre les détenus sont majoritairement dominées par des rapports de force et d’autorité virile basés sur la soumission et l’humiliation. « Dans l’univers péniten-tiaire, chacun gagne sa place en se mesurant aux autres. »

En prison, il faut faire face à la situation, impossible de fuir. « Il n’existe dès lors que deux options : fuck or fight, baiser ou combattre. S’il refuse de se soumettre, l’individu n’a qu’une issue : faire ses preuves, se battre pour son honneur, prouver qu’il est un homme. »

Et c’est ainsi que les détenus qui se défendent obtiennent le statut de leaders. Les autres deviennent des subordonnés, tant au plan physique, mental, financier et/ou sexuel.

« La violence produit ainsi des masculinités inégales; elle départage les individus en deux classes : celle des hommes dignes de ce nom capables d’affirmer leur virilité et celle des sous-hommes. »

Les vrais hommes doivent leur supériorité hiérarchique à différents facteurs : « leurs prouesses criminelles ( identité précarcérale déjà déterminée par l’activité criminelle ), à leur apparence virile ( musculature développée, tatouage, etc. ), à leur sens de l’honneur ( violence en réponse à toute provocation ou intimidation ), à leur volonté de dominer ».

Les sous-hommes regroupent les homosexuels, les bisexuels, les transsexuels et les travestis. « Car ils n’attestent pas d’un comportement sexuel dominant et ne répondent donc pas aux canons de la virilité. » Les victimes d’agressions sexuelles sont également exclues de la communauté virile « car, selon les mythes, un homme digne de ce nom ne peut être forcé à accomplir quelque acte que ce soit et préfère mourir plutôt que de céder sa virginité anale ».

Enfin, les détenus à l’apparence plus fragile (petit, mince, imberbes) sont également considérés comme inférieurs.

© La Dernière Heure 2007
E. Pr.