Après un attentat : vivre le plus normalement possible

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Article paru sur http://www.secunews.be le 16 avril 2016. Pour voir l’article sur le site de secunews, cliquez ICI.

Réagir aux angoisses des enfants après un événement traumatique

Evelyne Josse, 2016

Dans le décours immédiat d’un attentat terroriste, la population est sous le choc. Surprise par ces agressions meurtrières inattendues, elle est saisie d’effroi et déroutée par l’incompréhension. Analysons en premier l’impact d’un attentat auprès des citoyens d’une communauté au cours des semaines qui suivent le drame. Quelques brefs conseils ensuite que diverses sources utiles mentionnées en fin d’article développent plus en détails.

La communauté a des ressources

Nombre de personnes ont peur et sont en détresse suite aux attentats. Cependant, pour la plupart, elles réagissent normalement, du moins de manière attendue, à une situation dramatique. Même si ces réactions sont fortes, elles débouchent rarement sur des troubles à long terme. Pour la majorité des citoyens, l’émotion va s’apaiser en quelques jours ou quelques semaines.

Après un attentat, le tissu social est ébranlé mais il n’est pas détruit et les personnes ont accès à leurs moyens habituels de récupération émotionnelle comme le soutien familial et communautaire. Quand ces supports familiaux et sociaux sont efficaces, ils offrent des ressources suffisantes pour retrouver un sens à la vie et régénérer l’équilibre psychologique individuel et communautaire.

Le besoin de rituels

Dans les suites immédiates d’un massacre, la préservation et la reconstruction de l’équilibre psychologique individuel et communautaire passe par le renforcement des liens entre les membres de la communauté affectée, par la consolidation de son unité et par la réaffirmation de ses valeurs. Aussi, les personnes éprouvent-elles le besoin de se livrer à des rituels collectifs : elles se rassemblent sur les lieux du drame, se recueillent, communient, prient, observent une minute de silence, etc.

Les rituels sont une manière de marquer et de renforcer l’identité sociale. Ils confortent le sentiment d’appartenance au groupe, à la foule, à la nation. À terme, les attentats ne vont probablement pas renforcer les liens sociaux. L’émotion populaire va peu à peu se diluer et l’affirmation de l’appartenance culturelle, de ses valeurs, de son idéologie, de ses symboles et de sa religion risque de conduire au communautarisme et au repli identitaire.


Les réactions post-immédiates

Quelques jours après le drame et dans les semaines suivantes, la plupart des citoyens vont recouvrer leur calme, même s’ils pourront se montrer stressés dans des circonstances particulières, par exemple, s’ils sont confrontés à des situations évoquant les attentats.

Certaines personnes vont néanmoins continuer à éprouver une peur intense et à avoir des cauchemars alors qu’elles n’ont pas vécu l’attentat. Elles vont modifier leurs habitudes et vont adopter des comportements d’évitement au même titre que les victimes directes. Les personnes les plus sensibles réagiront de cette manière ainsi que celles qui ont déjà vécu un traumatisme que l’attentat aura réactivé. Les personnes qui auront visionné les images en boucle à la télévision courent également ce danger compte tenu de la charge émotionnelle qui leur est associée : l’horreur, l’effroi, la colère, l’impuissance, etc.

Outre ces réactions individuelles, des comportements collectifs particuliers peuvent surgir : rumeurs alarmistes, clivage en groupes communautaires distincts, désignation de bouc-émissaires voire des agressions contre des personnes prises pour cible en raison des signes identitaires dont elles sont porteuses.

Comment dépasser positivement la peur ?

• Vivre le plus normalement possible. Retrouver une routine quotidienne contribue à créer un sentiment de continuité et de sécurité

• Lorsque vous en ressentez le besoin, exprimez vos sentiments à d’autres personnes. Si votre anxiété perdure, il est conseillé de consulter un professionnel de la santé mentale

• Encouragez vos enfants à exprimer leurs émotions, prenez leurs craintes au sérieux et rassurez-les. Consacrez-leur du temps pour qu’ils se sentent en confiance et reprennent leurs habitudes familiales, scolaires, de jeux, etc.

• Si vous êtes en mesure d’aider une personne stressée par l’attentat, soutenez-la par une écoute active et une relation basée sur la confiance, sans la juger ni minimiser ses difficultés.

Evelyne Josse
Psychologue, psychothérapeute
Auteur du site résilience-psy.com