Les violences sexuelles faites aux enfants sont souvent ignorées

Article paru sur http://www.secunews.be, le 26 septembre 2011. Pour voir l’article sur le site de secunews, cliquez ICI
Evelyne Josse, 2011

Selon le Conseil de l’Europe, un enfant sur cinq serait victime de violences sexuelles en Europe, sous une forme ou une autre : inceste, pornographie, prostitution, traite, corruption, sollicitation par le biais d’Internet et agressions par les pairs. Toutefois, 7% seulement des agressions seraient connues des instances juridiques. Lorsqu’elles le sont, c’est généralement à la faveur d’un bouleversement dans la vie de l’enfant et de sa famille, tel une grossesse, une infection sexuellement transmissible, un trouble psychiatrique, une fugue, un divorce, etc.

Des agresseurs souvent connus des victimes …

Dans la majorité des cas, de 60 à 90% selon les pays, la victime connaît son agresseur : membre de sa famille ou personne jouissant de sa confiance, tels qu’amis de la famille, voisins, connaissances, éducateurs, enseignants, religieux, etc.

Plus l’enfant est jeune, plus la probabilité est élevée que l’auteur soit un membre de sa famille ou un proche (baby-sitter, par exemple).

Des violences sexuelles rarement dévoilées …

Les violences sexuelles sont rarement dévoilées au moment de leur occurrence.

Par absence de langage et manque de vocabulaire, les jeunes enfants sont incapables de signaler les agressions dont ils sont l’objet. De plus, leur immaturité ne leur permet pas de différencier le bien du mal ni de s’opposer aux adultes.

La crainte de ne pas être entendus par leur entourage, les sentiments de honte, la peur des représailles, l’impossibilité de recourir aux aides disponibles ou de faire valoir leurs droits sont quelques unes des causes conduisant les enfants plus grands à taire les violences subies.

L’âge de la révélation

Les révélations claires et spontanées de maltraitance sexuelle sont rares avant l’âge de 4 ans.

Les enfants plus jeunes verbalisent difficilement les faits mais peuvent toutefois signaler les agissements coupables d’un adulte, par exemple : «Papa fait mal là» en désignant leur bas-ventre, et se plaindre de douleurs ou de démangeaisons au niveau génital ou anal.

C’est souvent à la puberté que les victimes prennent conscience de la gravité des faits et brisent éventuellement le silence. Certaines différeront la divulgation jusqu’à l’âge adulte, voire se tairont toute leur vie.

Des facteurs facilitant la révélation

L’enfant dénonce plus facilement la maltraitance sexuelle si une autre victime signale une violence similaire commise par le même auteur, si l’agresseur est étranger au cercle familial ou si on lui pose des questions directes au sujet d’agressions possibles.

Des révélations mensongères rares

Si l’on écarte les mensonges proférés par l’enfant à l’instigation d’un des parents comme cela se produit parfois dans le cadre d’une séparation conjugale difficile, les allégations mensongères sont extrêmement rares, certains enfants rétractant même des révélations véridiques lorsqu’ils ne se sentent pas soutenus, écoutés ou compris.

Dans le prochain article, nous listerons les signes physiques devant faire suspecter une agression sexuelle.

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Evelyne Josse

http://www.resilience-psy.com

Psychologue, psychothérapeute

Source: http://www.coe.int

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