Décès brutal d’un proche

Les réactions des enfants et adolescents

La disparition brutale d’une personne affectivement proche d’un enfant ou d’un adolescent, parent, grand-parent, oncle, tante des suites du coronavirus est un événement dramatique à l’origine de .

La disparition d’un être cher est une épreuve pour les tout petits comme pour les enfants plus grands. Toutefois, leurs réactions émotionnelles sont directement tributaires de leur développement et de leur compréhension des événements. Les nourrissons, qui manquent à la fois de maturité et d’expérience, n’ont pas conscience de la particularité de la mort. Elle s’apparente pour eux à n’importe quelle séparation.

Entre trois et cinq ans, les enfants intègrent petit à petit le concept de mort mais ne réalisent pas qu’un décès représente une séparation définitive. Ils croient que le défunt regagnera un jour le foyer ou qu’il «vit» dans un autre monde d’où il peut les observer, les entendre, etc. A cinq ans, ils saisissent le caractère irréversible de la mort mais non son universalité. Ils l’envisagent pour les adultes, surtout lorsqu’ils sont âgés, mais pas pour eux-mêmes ni pour leurs proches. Entre cinq et huit ans, ils comprennent que toute forme de vie est condamnée à disparaître, y compris la leur. Les préadolescents et adolescents ont la même compréhension de la mort que les adultes.

Outre leur capacité de compréhension des événements, d’autres facteurs vont influencer les réactions des enfants tels que son attachement au défunt, les circonstances du décès (attendu ou brutal), le niveau de détresse et de désorganisation que la perte entraîne dans son univers (disparition d’un parent, accueil transitoire dans la famille élargie ou chez des amis, etc.), l’attention portée à ses besoins par son entourage : les proches profondément ébranlés par leur propre deuil peuvent être momentanément incapables d’assurer correctement leurs fonctions parentales, décès de l’adulte de référence, etc. 1

Les nourrissons sont principalement affectés par la disparition des personnes qui les maternent. Les enfants plus grands sont également touchés par la perte des personnes qui s’occupent d’eux ainsi que des proches de la famille (frères et sœurs, grands-parents, etc.). En grandissant, ils souffrent aussi du décès tragique d’un ami, d’un condisciple, d’un membre éloigné de la famille, d’un enseignant, d’un voisin, etc.

Dans un premier temps, nombreux sont les bébés qui pleurent et crient. Ils peuvent ensuite présenter des signes de désespoir (apathie, pleurs monotones et interminables, désintérêt pour l’environnement, etc.). Les jeunes enfants peuvent traverser une période de choc (refus de croire au décès, insensibilité provisoire), puis manifester du chagrin (désespoir, tristesse) et/ou de la colère. Confrontés à la disparition prématurée d’un proche, les enfants se tournent instinctivement vers les adultes qui les entourent et s’identifient immédiatement à leurs attitudes et réactions. Leur comportement est donc souvent calqué sur le leur et profondément influencé par ce qu’ils pressentent de leurs attentes.

Les préadolescents et les adolescents peuvent sembler peu touchés par la perte, masquer leurs émotions ou réagir agressivement. Les plus âgés auront des réactions comparables à celles des adultes.

Comment faire face aux réactions de deuil d’un enfant ?

Dans l’article précédent, nous avons vu que le décès d’un proche, parent, ami ou que soit l’âge de l’enfant, faites-leur part du décès. Vous croyez peut-être préférable de leur dissimuler la vérité afin de leur épargner la peine que va leur infliger cette nouvelle. Sachez cependant que c’est en lui offrant la possibilité de vivre son deuil que vous l’aidez réellement. Expliquez-lui les événements d’une manière sconnaissance, représente une épreuve douloureuse pour les plus petits comme pour les enfants plus grands et les adolescents. Parents, enseignants, éducateurs, assistants de prévention, etc. peuvent être confrontés à un jeune ayant perdu un proche ; voici quelques conseils susceptibles de les aider à soutenir l’enfant.

– Quelimple, honnête et adaptée à son âge. Donnez-lui ensuite la possibilité de poser des questions.

– Autorisez-le à exprimer ses émotions. Expliquez-lui qu’il est normal de se sentir triste ou en colère lorsque l’on perd un être cher.

– Expliquez le caractère définitif de la mort «Papa ne reviendra jamais. C’est impossible. Il ne le peut pas et personne ne peut le faire revenir». Dans les mois suivant le décès, si l’enfant est âgé de 3 à 5 ans, il vous demandera peut-être à plusieurs reprises quand il reverra le défunt. Vous devrez répéter que la personne est décédée et que cela signifie qu’elle ne reviendra jamais.

– Il est difficile de répondre aux questions relatives au sort d’un défunt (par exemple, l’endroit où il va). Restez fidèle à vos croyances et aux traditions familiales. Evitez toutefois de dire qu’il est parti en voyage ou qu’il s’est endormi pour toujours sans quoi l’enfant pourrait craindre de voyager ou de s’endormir.

– Dans la mesure du possible, l’enfant devrait pouvoir assister aux funérailles. Participer au rituel de l’adieu peut les aider dans leur processus de deuil.

– Rassurez l’enfant en lui rappelant qu’il peut compter sur l’entourage familial.

– «Comment a-t-il pu mourir alors que j’avais besoin de lui ?», «C’est injuste qu’il soit mort maintenant», «Je vais le venger» sont autant de réflexions qui traduisent la colère des enfants vis-à-vis du défunt lui-même, du sort ou de l’auteur du drame (par exemple, le conducteur responsable de l’accident mortel). Normalisez ces sentiments. Laissez-les exprimer leur colère mais réprouvez énergiquement tout passage à l’acte violent. 2

– Parfois, l’enfant se culpabilise, imaginant, par exemple, qu’un comportement fautif est responsable du décès de la personne (il n’a pas obéi, il n’a pas été sage, etc.). Rassurez-le sur le fait qu’il est innocent de la tragédie.

– L’enfant peut manifester la crainte de mourir ou redouter la disparition d’autres proches. Pour lui, la mort est comme une maladie contagieuse que lui-même ou son entourage peut contracter. Expliquez-lui que la mort ne s’attrape pas comme une grippe.

– La mort d’un parent oblige parfois l’adolescent à assumer prématurément des responsabilités d’adulte. Laissez-lui s’abandonner à son chagrin avant de les endosser.

Notes et références

  1. Josse E. (2019), Le traumatisme chez le nourrisson, l’enfant et l’adolescent, de Boeck, coll. Le point sur
  2. Josse E. (2011), Le traumatisme chez le nourrisson, l’enfant et l’adolescent, de Boeck, coll. Le point sur

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